PubliĂ© le 01/09/2015 01 septembre sept. 09 2015 La signature dâun contrat entre lâentraĂźneur et le propriĂ©taire, une prĂ©caution utile pour les deux parties. Si les Centres Ă©questres et les Ă©curies de propriĂ©taires font systĂ©matiquement signer Ă leurs clients, un contrat de pension, la pratique est beaucoup plus rare chez les entraĂźneurs de chevaux de course et ce malgrĂ© les modĂšles proposĂ©s par les organismes professionnels. Pourquoi une telle rĂ©ticence Ă lâĂ©gard de ce document ? Il permet pourtant Ă chacune des parties une meilleure information, et pourra souvent Ă©viter la survenance dâun conflit. Câest Ă©videmment au professionnel donc Ă lâentraĂźneur de proposer ce contrat Ă son propriĂ©taire. Or ce dernier craint que cette initiative soit perçue par son propriĂ©taire comme une tentative dâĂ©chapper ou de limiter ses obligations, ou encore estime que le propriĂ©taire Ă la recherche dâun loisir, ne souhaitera pas signer un document contraignant. Pourtant imaginerait-on louer une voiture ou une maison de vacances, sans rappeler les obligations des parties, notamment en cas de dĂ©gĂąts sur le bien confiĂ© ? Sâagissant du cheval de course, le contrat parait dâautant plus indispensable quâil est un bien Ă la fois de valeur, dangereux et fragile ! Il suffira de rappeler certaines rĂšgles pour se convaincre que le contrat ne prĂ©sente que des avantages pour les deux parties. Le contrat permet au prĂ©alable une transparence notamment tarifaire Ă laquelle le propriĂ©taire est attachĂ©. Comme le rappelle Mr Patrick FELLOUS PrĂ©sident du Syndicat national des propriĂ©taires de chevaux de Course au Galop, le nouveau propriĂ©taire se demande toujours combien ça coĂ»te ». Le contrat donnera lâoccasion de prĂ©ciser Ă la fois, le prix de pension journalier ou mensuel, les frais de dĂ©placements, la variation possible en cas de meeting et le sort des frais annexes pharmacie, ferrures, vĂ©tĂ©rinaires. Sur le plan financier, lâentraĂźneur prendra soin de prĂ©ciser plusieurs clauses qui lui seront favorables et notamment, les intĂ©rĂȘts Ă©ventuellement applicables en cas de retard de paiement, la possibilitĂ© de percevoir un pourcentage sur la vente des chevaux quâil entraĂźne entre 5% et 10% et aussi un prĂ©avis en cas de retrait des chevaux par le propriĂ©taire. Si ces clauses privilĂ©gient lâentraĂźneur, il convient de rappeler quâelles ne sont le plus souvent que le rappel du droit commun il est de principe que le professionnel intermĂ©diaire dans une vente a droit Ă une commission, tandis que la Cour de cassation dans un arrĂȘt du 11 mars 2014 a prĂ©cisĂ© rĂ©cemment la nĂ©cessitĂ© pour le propriĂ©taire qui retire son cheval dâun Ă©tablissement Ă©questre, de respecter un prĂ©avis minimum et ce mĂȘme en lâabsence de contrat prĂ©voyant ce prĂ©vis. En revanche lâinscription dĂ©finitive de la durĂ©e du prĂ©avis dans le contrat, Ă©vitera un contentieux toujours nuisible aux parties. A ce sujet, Mr Patrick FELLOUS tient Ă rappeler que le syndicat des propriĂ©taires des chevaux de couses au Galop, offre Ă ses adhĂ©rents une assistance juridique et fiscale. Sur le plan fiscal justement, le contrat peut aussi prĂ©senter des avantages pour le propriĂ©taire et notamment pour confirmer sa qualitĂ© de propriĂ©taire non intervenant dĂ©lĂ©gant lâensemble de ses pouvoirs choix des engagements, des jockeys etc.. Ă lâentraĂźneur, de maniĂšre Ă Ă©viter une imposition de ses gains. Le contrat sera un indice du mode dâexercice de son activitĂ© que le propriĂ©taire pourra fournir Ă lâinspecteur des impĂŽts dans lâhypothĂšse dâun contrĂŽle. Sâagissant cette fois de la responsabilitĂ© de lâentraĂźneur ? Il importe de rappeler que lâentraĂźneur a deux obligations essentielles entraĂźner le cheval, le rendre apte Ă participer Ă des compĂ©titions sportives et tenter dâobtenir des gains. Si le propriĂ©taire est mĂ©content du rĂ©sultat il devra prouver que lâentraĂźneur est fautif de ne pas avoir bien entraĂźnĂ© le cheval. Par ailleurs lâentraĂźneur doit garder, soigner et hĂ©berger le cheval. Sâagissant de cette obligation de soin, si le cheval subit un dommage alors quâil est au box, en dehors de tout entraĂźnement, lâentraĂźneur sera cette fois rĂ©putĂ© fautif du dommage subi par le propriĂ©taire. LâentraĂźneur ne pourra sâexonĂ©rer quâen dĂ©montrant dans quelles conditions le dommage est intervenu et quâil nâest en rien fautif dans la survenance de celui-ci. Il sâagit dâune preuve lourde Ă la charge du professionnel qui sera responsable sauf sâil donne les circonstances exactes du dommage dont son pensionnaire a Ă©tĂ© victime. LâentraĂźneur peut-il par lâintermĂ©diaire du contrat allĂ©ger ses obligations ? Chaque fois que le propriĂ©taire du cheval ne sera pas un professionnel, lâentraĂźneur nâa aucun moyen de limiter ou dâallĂ©ger ses obligations sont jugĂ©es nulles car abusives toutes les clauses exonĂ©ratoires ou limitatives de responsabilitĂ© opposĂ©es par un professionnel lâentraĂźneur Ă un non professionnel le propriĂ©taire. Ce dernier nâa donc rien Ă craindre car les obligations de lâentraĂźneur ne pourront pas contractuellement ĂȘtre allĂ©gĂ©es. Si le propriĂ©taire du cheval est un professionnel, ce sera le cas notamment sâil constitue une sociĂ©tĂ© pour exploiter ses chevaux de course les clauses limitatives de responsabilitĂ© seront en principe valables, sous certaines rĂ©serves Elles ne doivent pas porter sur une obligation essentielle du contrat, elles ne doivent pas crĂ©er un dĂ©sĂ©quilibre entre les droits et obligations des parties article L 442-6 du Code de commerce, et elles seront systĂ©matiquement Ă©cartĂ©es si lâentraĂźneur commet une faute dâune particuliĂšre gravitĂ© faute grave ou dolosive. Cette interdiction de limiter sa responsabilitĂ© peut prĂ©senter un danger pour lâentraĂźneur, chaque fois quâil accueillera dans ses boxes un cheval de grande valeur, dont celle-ci excĂ©dera ou sera susceptible dâexcĂ©der son plafond de garantie. Si le propriĂ©taire est assurĂ© en responsabilitĂ© civile, notamment car il en est responsable de son cheval lors de la course, il ne sera pas forcĂ©ment assurĂ© en mortalitĂ©. Or en dehors de la course proprement dite, le cheval est sous la responsabilitĂ© de lâentraĂźneur. Ce dernier doit donc veiller Ă ce que son plafond de garantie coĂŻncide avec la valeur des chevaux qui lui sont confiĂ©s. Or il arrive que lâentraĂźneur ne vĂ©rifie pas son plafond de garantie, ni mĂȘme quâil est bien assurĂ© pour lâensemble de ses activitĂ©s entraĂźnement, dĂ©pĂŽt salariĂ©, chevaux dont ils sont propriĂ©taires etcâŠ. Si lâentraĂźneur se contente de prĂ©voir contractuellement que sa responsabilitĂ© est limitĂ©e Ă hauteur de son plafond de garantie, en cas de sinistre, ce plafond ne sera pas opposable au propriĂ©taire non professionnel. Aussi il est conseillĂ© au prĂ©alable dâobliger le propriĂ©taire Ă dĂ©clarer la valeur estimĂ©e de son cheval et ce pour prĂ©venir tout litige Ă ce sujet si un sinistre se produit. Dans lâhypothĂšse oĂč la valeur estimĂ©e du cheval excĂ©derait la garantie de lâentraĂźneur, ce dernier pourrait encore limiter le risque dâun litige en vĂ©rifiant que le propriĂ©taire a lui-mĂȘme assurĂ© son cheval en mortalitĂ©. Sâil est Ă©videmment envisageable que lâassurance du propriĂ©taire aprĂšs avoir indemnisĂ© ce dernier pour le montant de la valeur assurĂ© se retourne contre lâentraĂźneur, cette action reste rare. Enfin, lâentraĂźneur pourrait encore se prĂ©munir en prĂ©voyant avec son assureur en cas de mise en cause de sa responsabilitĂ© civile, un plafond de garantie par annĂ©e et non par cheval, de maniĂšre Ă couvrir intĂ©gralement le sinistre. En rĂ©sumĂ©, si le contrat peut donc prĂ©voir certaines clauses notamment financiĂšres Ă lâavantage de lâentraĂźneur, en aucun cas il ne peut permettre Ă celui qui le propose dâobtenir des avantages excessifs de son cocontractant, la rĂšgle Ă©tant mĂȘme lâinterdiction absolue de toute clause ayant pour effet de limiter ses droits Ă lâĂ©gard dâun non professionnel. MaĂźtre Blanche de Granvilliers. AoĂ»t 2015